Aucun ménage ne devrait avoir à consacrer plus de 10% de son budget à ses primes d’assurance-maladie. Tandis que les salaires et les rentes ont peu augmenté depuis 20 ans, ces dernières ont plus que doublé, mettant toujours davantage sous pression la population. En limitant les prix des primes par tête, l’initiative pour l’allègement des primes aidera de manière ciblée les ménages en situation de pauvreté et la classe moyenne.
Depuis le début des années 2000, les primes d’assurance-maladie ont augmenté environ 10 fois plus que les salaires. Elles représentent désormais l’un des principaux postes au budget de la population suisse et ce poids s’accroît sans cesse, contraignant de nombreux ménages à couper dans leurs dépenses essentielles, telles que le logement et l’alimentation. Conjuguée à l’inflation, cette situation est aujourd’hui d’autant plus intenable et risque de faire glisser des pans de la population dans la précarité. « Dans les syndicats, nous voyons au quotidien des gens en souffrance car ils ne savent plus comment ils vont pouvoir continuer à boucler leur budget » constate Silvia Locatelli, représentante de l'USCN.
Le coût des primes d’assurance-maladie ne grève pas seulement le budget des ménages, il encourage également un système de santé à deux vitesses. Contraint·es de souscrire des contrats avec des franchises élevées, 10 à 20% des assuré·es renoncent à se rendre chez le médecin en raison du coût des soins. « Ce « non-choix » a pour conséquence de repousser des problèmes. Ne pas se faire examiner, c’est prendre le risque qu’une maladie soit déjà bien avancée au moment du diagnostic » souligne Cindy Da Costa Tavares, infirmière. Ce qui contribue à l’augmentation des coûts de la santé.
La santé représente une part croissante et insupportable du budget des personnes avec de faibles revenus. En réduisant individuellement les primes, on agit de manière ciblée auprès des personnes en situation de précarité. La mise en œuvre de l’initiative à l’échelon vaudois a d’ailleurs fait ses preuves et permis de soulager de nombreux ménages sans pénaliser les finances cantonales.
Baptiste Hurni, conseiller aux États, l’explique clairement : « l’initiative ne coûte pas un franc, elle prévoit une meilleure répartition du fardeau des primes qui écrasent aujourd’hui la classe moyenne ». Limiter le coût des primes par tête permet également de protéger la population contre de futures hausses de primes. Le système de santé est constamment plus inabordable et des excès sont identifiés à de nombreux niveaux. En adoptant cette mesure forte, la population enverra un important signal aux acteurs de la santé et aux autorités sur la nécessité de freiner l’explosion des coûts. « En fixant ce financement indirect du système de santé, relève Armin Kapetanovic, professionnel de la santé, cela permettrait de revisiter les rôles des cantons et de la Confédération pour atteindre plus d’efficience ».