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Willy Schüpbach

Jusqu’au bout en pleine possession de ses facultés intellectuelles, Willy Schüpbach nous a quittés dans son sommeil le 19 mai.

Né le 26 juin 1920 à La Chaux-de-Fonds, Willy a baigné dans le socialisme. Ses parents sont membres du PS ; son oncle Ernest-Paul Graber, grande figure du socialisme neuchâtelois, lui sert de modèle dès l’enfance. Lui-même se dit « biberonné à La Sentinelle », un de ses premiers souvenirs est l’imposant cortège qui accompagne le leader socialiste Charles Naine au cimetière. Willy adhère tout naturellement aux Avant-coureurs (variante socialiste et antimilitariste des Éclaireurs). Après l’École de commerce, la crise sévissant, il commence sa carrière par un stage à la Migros à Zurich, recommandé à Gottlieb Duttweiler par son oncle, conseiller national avec l’indépendant zurichois. Après la guerre, Willy se tourne vers la voie syndicale, à laquelle il a consacré l’essentiel de sa carrière : d’abord la Fédération des ouvriers du textile à Zurich et à Neuchâtel, puis la VPOD-SSP et son secrétariat de Lausanne. Il négocie le statut du personnel dans de nombreuses localités romandes, notamment à La Chaux-de-Fonds, où André Sandoz est président de commune. Entré en vigueur en 1961, ce statut institue l’égalité de traitement entre hommes et femmes ! Willy termine sa vie professionnelle comme secrétaire de la Société vaudoise de médecine, une activité qui lui permet de passer davantage de soirées à la maison.

La retraite n’a pas été pour Willy synonyme d’inactivité. Avec l’aide de son fils aîné, il se met à l’ordinateur. Il écrit un volumineux ouvrage (plus de 600 pages) sur son oncle Paul Graber. Ce travail gigantesque lui prend six ans et lui vaut les félicitations, entre autres, de son cousin l’ancien conseiller fédéral Pierre Graber. Le livre, non publié, est déposé, avec une abondante iconographie, à la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds.

Les liens de Willy Schüpbach avec le PSMN sont nombreux. Bien qu’il n’ait passé à La Chaux-de-Fonds que sa jeunesse, il est resté viscéralement chaux-de-fonnier, s’intéressant à la vie du PSMN et du PSN, abonné à ArcInfo, suivant avec passion les élections… Ces dernières années, il a participé à plusieurs événements organisés par le PSMN, la dernière fois en 2017. À 97 ans, il fascine son auditoire avec la nuit du 25 janvier 1937 : lors d’une manifestation de l’extrême-droite qui a dégénéré, le Dr Bourquin, chef des Jeunesses nationales, décède d’une crise cardiaque ; mais « l’assassinat du Dr Bourquin » a probablement mené à l’interdiction du parti communiste dans le canton. La même année, Willy partage ses souvenirs lors d’une conférence sur l’incarcération de son oncle Paul Graber en 1917. En 2008, il participe à une rencontre sur « La propagande politique, hier et aujourd’hui », avec la figure centrale de Paul Graber, où l’on voit les liens étroits, dans la première moitié du 20e siècle, entre le PS, les syndicats et le mouvement coopératif. En 2009, Willy commente lors d’une soirée publique sur Charles Naine le petit film des obsèques de celui dont la mort en 1926 l’a marqué car c’était la première fois qu’il voyait son père pleurer.

Le 29 mars dernier, j’ai eu le privilège de fêter avec la famille Schüpbach les 99 ans de Renée et les 76 ans de mariage de Willy et Renée… Renée n’a pas été sur le devant de la scène, il lui a fallu beaucoup de patience au cours de ces années où elle a été souvent seule avec les enfants pendant que son militant de mari courait les assemblées syndicales…

Willy Schüpbach

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