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Une chance historique de reprendre la main dans le financement de la santé

La session fédérale d’été aura été marquée par plusieurs évènements. Mais les hasards du calendrier ont permis de débattre de l’initiative du Centre sur la maîtrise des coûts de la santé et de celle du PS pour la baisse des primes (initiative 10 %). Un heureux hasard dans un dossier où tout dysfonctionne.

En 20 ans, la prime LAMal moyenne a plus que doublé, passant de 1850 à 3777 francs par année. À ces 31 milliards, les patientes et patients doivent ajouter quelque 20 milliards de leur poche pour les franchises, quotes-parts et autres frais dentaires.

Dans le système suisse de santé, le patient paie – directement, sans intervention de l’État – 70 % de la facture totale. C’est le montant le plus élevé de l’OCDE. Cela représente en moyenne plus de 6000 à 10 000 francs, c’est-à-dire plus d’un salaire médian par année. Dans la même période, les salaires ont progressé d’environ 30 %. Pendant ce temps, dans ce système qui ne recule devant aucun paradoxe, les réserves des caisses ont explosé, passant de 280 à plus de 1100 francs par assuré.

Devant ces chiffres implacables, l’initiative du Centre a le grand mérite de proposer un mécanisme de régulation de la hausse des coûts. Ceux-ci devraient évoluer comme l’économie nationale et les salaires moyens. Si les salaires augmentent de 1 %, la hausse des coûts et des primes devrait s’y tenir. Mais le bât blesse, pour deux raisons.

L’initiative ne pipe pas mot du cœur du problème. Si nous sommes tous d’accord de limiter les coûts, personne ne s’entend sur comment y arriver. Cette initiative du type « faut qu’on… », « y’a cas… » ne dit rien sur ce qui fâche.

L’initiative oublie la réalité démographique. Si l’on réduit la question à un groupe de 100 personnes, dont 80 travaillent et 20 sont à la retraite ; après 10 ans, les retraités, aux besoins de santé statistiquement accrus, passe à 40 pour 60 personnes qui travaillent ; inévitablement, les coûts de la santé progressent plus que les salaires. Que fait-on ? Rationne-t-on les soins ?

Cela dit, le contre-projet, accepté à ce stade par le Conseil national, donne de la substance à l’initiative. On semble prendre enfin le taureau par les cornes.

L’autre face de la médaille, c’est la réalité sociale des payeurs de primes. Nous toutes et tous. Là, l’initiative du PS touche juste, très juste.

Pour celles et ceux qui gagnent normalement leur vie, la prime est devenue intenable, insupportable. Pour les familles, qui doivent s’acquitter de 2, 3, 4 primes et ont un risque accru d’avoir à payer des franchises et quotes-parts. Pour les personnes au revenu modeste, qui n’arrivent plus à payer leur prime. La conséquence est terrible. Aujourd’hui, faute d’arriver à payer la franchise ou la quote-part, certains s’endettent, d’autres renoncent aux soins.

L’initiative du PS prévoit une règle claire sur le financement. Personne ne paiera plus que 10 % de ses revenus en prime. C’est simple justice. Cela redonne du pouvoir d’achat, permetaux gens de boucler la fin de mois. Ce système fonctionne : le canton de Vaud l’applique, avec des conséquences sociales extrêmement bénéfiques. Le Conseil national l’a écarté, mais avec un contre-projet équilibré qui permet d’injecter deux milliards par année dans la réduction des primes.

Réduire les coûts par le contre-projet à l’initiative du Centre, limiter les primes par l’initiative du PS ou le contre-projet : voilà comment nous reprenons enfin la main d’un dossier crucial, qui est aujourd’hui une machine à appauvrir la population.

Photo : Unsplash : Hansjörg Keller

Une chance historique de reprendre la main dans le financement de la santé

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