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Un pilier européen pour la protection des salaires ?

Avec l’échec de l’accord-cadre, la concurrence du marché intérieur européen provoquant une attaque contre la protection des salaires a été repoussée. Une ligne rouge importante qu’il ne fallait en aucun cas franchir pour grand nombre de syndicats suisses. En effet, la Suisse a les salaires les plus élevés en Europe. Ouvrir le marché du travail de manière incontrôlée aurait eu, inévitablement, des conséquences sur les salaires. Un nivellement par le bas pouvant mener à la précarité la main-d’œuvre qualifiée de notre pays. Les mesures d’accompagnement voulues par les syndicats ont démontré leur efficacité dans le cadre de l’accord de libre circulation. Elles permettent d’éviter la sous-enchère salariale. Pour les syndicats, chaque État doit conserver une marge de manœuvre pour fixer des normes minimales plus exigeantes en matière de conditions de travail. Des contrôles efficaces doivent être mis en place, d’autres mesures de protection salariale doivent pouvoir être prises sans l’intervention de la Cour de justice de l’Union européenne. Cette position claire pour une protection des salaires, les syndicats l’ont martelée dès le début du processus concernant l’accord-cadre.

Par cette position, les syndicats ne cherchent pas l’isolationnisme. Leurs réflexions restent inscrites au niveau international. Rappelons d’abord que les syndicats organisent l’ensemble des travailleuses et des travailleurs, indépendamment de leur passeport ou de leur statut de résidence, sans discrimination. Ensuite, ne nous leurrons pas : un grand nombre des enjeux actuels ne pourront se résoudre qu’au niveau international ; dans ce sens, l’Union européenne est un partenaire primordial. Suite à l’échec de l’accord-cadre, une position syndicale commune a donc été élaborée. Une résolution a été acceptée lors de l’Assemblée des délégué∙es de l’USS, tout comme lors du congrès d’Unia en juin.

Les différents enjeux actuels – une précarisation grandissante (la crise coronavirus l’a bien montré), des inégalités sociales toujours marquées, une dégradation de l’environnement qui n’est plus à démontrer – doivent être affrontés à l’échelle nationale mais aussi internationale. En effet, regardées un peu plus en détail, les décisions européennes récentes peuvent sembler contradictoires. Si, à propos de l’accord-cadre, l’Union européenne n’a pas voulu entendre les revendications syndicales de protection des salaires, elle a élaboré plusieurs directives basées sur les principes d’un « pilier européen des droits sociaux ». Un pilier accepté en 2017.

Les syndicats en sont convaincus : ces directives, si les États membres les mettent en œuvre et qu’elles deviennent référence au plan juridique, vont dans le sens d’un projet européen social. C’est pourquoi les syndicats demandent que la Suisse en reprenne les éléments significatifs : introduction d’un congé parental, obligation de respecter les CCT, mise en œuvre contraignante de l’égalité salariale, voilà des exemples dont la Suisse doit s’inspirer.

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