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Suisse-Europe : du gâchis à l’offensive

Un sacré gâchis

En raison d’un manque de cohésion et de culture politique, le Conseil fédéral porte une grande responsabilité dans l’échec de l’Accord-cadre entre la Suisse et l’Union européenne (UE). Mais il n’est pas le seul :

• Ayant relancé l’Europe sociale, pourquoi l’UE a-t-elle chipoté sur les mesures d’accompagnement ?

• La droite et le patronat comprendront-ils un jour que plus il a de bonnes conditions de travail, plus un salarié est productif et que c’est grâce aux mesures d’accompagnement que les Suisses ont approuvé les accords bilatéraux ? Mais une partie du patronat veut profiter de cet échec pour déréglementer la législation sur le travail.

• A-t-on oublié que l’absence de mesures d’accompagnement a contribué au rejet de l’EEE, en 1992 et que cet échec a contribué à la montée du chômage ?

• Les syndicats ont eu raison d’être fermes sur les mesures d’accompagnement. Mais cela n’excluait pas de moduler certaines positions. Par exemple en réduisant de 8 à 4 jours le délai d’annonce des travailleurs détachés, contre un assouplissement des conditions d’extension d’une convention collective à toute une branche.

• Les syndicats européens étaient d’accord avec leurs homologues suisses. Pourquoi ne pas avoir organisé deux manifestations, une à Berne, une à Bruxelles, pour une Suisse et une Europe sociales ?

Il est trop tôt pour connaître les conséquences de cet échec, mais sept ans de négociations ont débouché sur un sacré gâchis ! Nombre d’entreprises actives dans les technologies médicales sont déjà frappées, privées de certifications européennes et donc d’exportations. Cette branche emploie 50 000 personnes.

L’Europe malgré tout

L’UE a connu une dérive néolibérale. Cependant :

• L’Europe reste le continent au niveau de protection sociale et de formation le plus haut, à la durée du travail la plus basse ;

• L’UE a rendu possibles d’importantes avancées sociales : formation, assurance-maternité, conciliation vie familiale-vie professionnelle ;

• Le poids démographique relatif de l’Europe ne cesse de diminuer et la construction des nouvelles routes de la soie par la Chine prend l’allure d’un « encerclement » économique.

Ces constats concernent aussi la Suisse, dont le développement passe par l’intensité de ses échanges avec l’UE. Le Bade-Wurtemberg absorbe davantage de produits suisses que la Chine !

Des liens à resserrer

Les liens entre la Suisse et l’UE doivent donc être resserrés. On pourrait prévoir une disposition qui ancre dans la Constitution l’attachement de la Suisse au processus d’intégration européenne, qui permettrait aussi bien l’intensification des relations bilatérales que l’entrée dans l’EEE ou l’adhésion à l’Union. Dans tous les cas, il faudrait garantir la protection des salaires.

En 1993, François Mitterrand déclarait : « Je suis partagé entre la construction de l’Europe et celle de la justice sociale. » Et si la gauche politique et syndicale faisait le pari qu’il est possible de concilier ces deux objectifs, en Europe comme en Suisse ?

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