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Quand le manque de structures d’accueil pèse sur les femmes

Dans les Montagnes neuchâteloises, les problématiques socio-économiques sont nombreuses : déclin de l’emploi industriel, taux de chômage plus élevé que la moyenne cantonale ou encore concentration des familles à faibles revenus, souvent migrantes ou monoparentales. Un terreau dans lequel les inégalités sociales s’expriment avec une acuité particulière, notamment en ce qui concerne l’accès aux structures pré et parascolaires.

Aujourd’hui, le manque d’infrastructures adaptées pour la garde des enfants devient un facteur aggravant d’exclusion sociale. Sans surprise, ce sont les femmes qui en paient le prix fort. Celles qui sont le plus vulnérables, celles qui élèvent seules leurs enfants, celles qui sont issues de la migration, celles dont les diplômes ne sont pas reconnus ou les revenus trop faibles pour absorber les frais d’une garde. Pour elles, l’absence de solution de garde devient une impasse, un cercle vicieux : pas de garde, pas de travail ; pas de travail, pas d’autonomie.

Encore aujourd’hui, ce sont les femmes qui, majoritairement, assurent la garde des enfants. Lorsqu’une place en crèche ou en accueil parascolaire fait défaut, lorsqu’un horaire ne correspond pas aux exigences d’un emploi à horaires décalés – comme c’est souvent le cas dans les métiers précaires – ce sont les mères qui renoncent. Renoncent à un emploi, à une formation, à une autonomie financière, qui ne se limite pas à gagner sa vie : elle signifie avoir le pouvoir de choisir, de négocier, de refuser.

Accéder à des ressources économiques, c’est pouvoir quitter une situation de violence, éduquer ses enfants selon ses valeurs, participer à la vie publique et politique. Cela implique aussi de remettre en question les inégalités salariales, la précarité genrée, la division sexuée du travail, et de valoriser le travail invisible – comme les soins et les tâches domestiques.

Le sous-investissement chronique dans les politiques de la petite enfance ne relève pas du hasard. Il reflète une vision politique où les tâches de soin restent l’angle mort des priorités publiques. Et ce sont toujours les mêmes qui pallient ces carences : les mères, les sœurs, les grands-mères. Invisible, gratuit, le travail de « care » continue de reposer sur les épaules féminines, au détriment de leur émancipation.

Repenser les structures pré et parascolaires ne relève pas seulement du social mais du féminisme concret. Il ne s’agit pas d’offrir un plus aux familles mais de réparer une injustice structurelle. Il est temps de reconnaître que l’égalité passe par la reconnaissance du soin comme un bien commun et par des politiques publiques ambitieuses qui libèrent du temps et de l’espace aux femmes pour qu’elles puissent être libres de choisir leur vie.

Quand le manque de structures d’accueil pèse sur les femmes

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