Les combats féministes, tels que nous les concevons aujourd’hui, font écho à plusieurs décennies de luttes des femmes pour leurs droits fondamentaux. En effet, si le droit de vote des femmes, apparu bien trop tard, est le témoin d’un tournant majeur dans les combats féministes, force est de constater qu’il n’a pas permis de tout régler.
Nos mères ont été les témoins de la légalisation de l’avortement en Suisse. Mais est-il seulement imaginable aujourd’hui qu’on nous empêche de disposer librement de notre corps et de choisir l’issue souhaitée à une grossesse ? Pourtant, c’est ce que bon nombre d’hommes à travers le monde souhaitent remettre en place. Faut-il se résoudre à ce que tous les progrès faits en matière d’égalité et de justice de genre soient forcément remis en question à un moment donné ?
Une autre avancée majeure fut l’arrivée de la contraception afin de pouvoir octroyer aux femmes la possibilité d’avoir une sexualité sans forcément désirer la maternité. Toutefois, cette invention, bien que révolutionnaire, se concrétise aujourd’hui par un report quasi systématique de la charge mentale en matière de sexualité sur le dos des femmes. La prise quotidienne de la pilule (et ses effets secondaires), la pose d’un stérilet ou tout autre moyen de contraception ainsi que le coût de cette dernière retombent encore trop souvent sur elles. Il est presque certain que si c’était aux hommes de payer la contraception, elle serait déjà prise en charge par l’assurance maladie. C’est d’ailleurs pour cette raison que la JSN a déposé une motion pour la gratuité de la contraception qui vise la responsabilité partagée en matière de sexualité.
Malheureusement, aujourd’hui encore, les inégalités subsistent. La place de la femme dans le monde du travail peine toujours à s’imposer dans les mentalités. Certes, les études supérieures se féminisent, le congé parental partagé s’impose dans les débats politiques et de nombreuses femmes se consacrent à une carrière. Mais malgré ces avancées, l’égalité salariale n’est toujours pas acquise et les femmes continuent d’assumer la charge mentale liée à leur vie de famille. Dans les milieux professionnels comme associatifs, être une femme signifie également supporter les remarques sexistes, se faire interrompre en séance ou voir ses idées ignorées. Les femmes en ont marre et s’indignent lorsqu’on leur dit que le féminisme est dépassé. C’est en se soutenant et en intégrant les hommes à la lutte que les choses pourront évoluer.
Mais les inégalités ne s’arrêtent pas là. Les violences sexistes et sexuelles restent une réalité quotidienne. Les jeunes femmes évitent de rentrer seules tard le soir, surveillent ce qu’on met dans leur verre ou changent de trottoir pour se sentir en sécurité. Et malgré toutes ces astreintes, on ose encore juger leur comportement et mettre en doute leur parole lorsqu’elles sont victimes d’agression. Il est temps d’enseigner dès le plus jeune âge les valeurs de respect, de consentement et d’égalité, puis de les réaffirmer tout au long du parcours de vie. La déconstruction des stéréotypes, qui concerne tant les femmes que les hommes, est essentielle pour parvenir à une société plus égalitaire et plus heureuse.
Ces quelques exemples démontrent à la fois la force des progrès accomplis et la persistance avec laquelle les hommes tentent de remettre en doute les droits acquis. Une chose est sûre, nous devons continuer à porter ces revendications, pérenniser les avancées obtenues et ne jamais renoncer.