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Non à une Suisse enfermée

Ayant lu le programme de l’UDC en vue des élections fédérales (Édition spéciale), je me dois d’y réagir, pour avoir vécu en Afrique et travaillé dans des œuvres d’entraide, et savoir un peu de quoi je parle.

Presque tous les sujets abordés servent d’arguments contre l’immigration en général, les requérants d’asile en particulier. Santé, climat, agriculture, école, emploi : les difficultés, réelles, viendraient du trop grand nombre d’immigrants. La réalité est bien plus complexe. En fait, la peur des autres, Ia xénophobie plus ou moins consciente sous-tendent ce programme.

Notre pays n’est pas en train de sombrer dans la misère et reste un des mieux lotis. Limiter le nombre de ses habitants est une absurdité. Bien des pays, même parmi les plus pauvres d’Afrique et d’Asie, accueillent plus de réfugiés.

Les prophètes de l’UDC et ceux qui les écoutent connaissent-ils personnellement un seul requérant d’asile ? Ont-ils été victimes d’une injure ou d’un vol ? Vont-ils passer leurs vacances en Iran ou au Niger ?

Peut-on juger des personnes dont on ne sait rien ? La majorité n’ont pas choisi la Suisse, où des passeurs ou des organisations mafieuses les ont poussées. En Afrique on croit souvent que la Suisse est un département français et Genève sa capitale. Personne n’a quitté sa famille et son pays de gaité de cœur mais écrasé par la misère, parfois contraint par ses proches d’aller chercher l’argent là où, dit-on, il y en a tant qu’on veut. La désillusion remplace ici la peur et la faim. D’autres sont victimes de la violence des gouvernants, souvent des militaires encore plus incompétents que ceux qu’ils ont renversés.

II y a pourtant des solutions, à plus ou moins long terme.

Sur le plan politique, multiplier le budget de la Coopération au développement et l’affecter aux projets qui améliorent le quotidien des gens, les retenant d’aller voir ailleurs (des investissements indirects plus utiles que les avions militaires). Transformer les Centres où sont les requérants d’asile en Centres de formation qui aideraient les personnes à être des « développeurs » dans Ieur pays ; coûteux, difficile à réaliser à cause de la diversité des cultures, des langues et des perspectives réalistes envisageables, ce serait aussi un remède contre la tentation de partir. Arrêter de croire que la Suisse peut résoudre seule le problème de l’asile : pas une îIe isolée mais un pays d’Europe, elle ne pourra agir qu’en renforçant la collaboration avec ses voisins. (En pleine contradiction, l’UDC a aussi peur de l’Europe que des requérants.)

Nos budgets personnels, familiaux, communaux, cantonaux comptent-ils un poste Partage bien garni ? Presque chacune et chacun d’entre nous pouvons encore nous serrer un peu la ceinture pour mieux partager. Facile : revaloriser la tradition (l’UDC aime ce mot) de « l’assiette du pauvre », mettre sur notre table une assiette de plus que le nombre de convives et la remplir de la valeur d’un repas. Les personnes qui ont les moyens d’aller au restaurant y penseront aussi ! Autrefois on glissait l’argent le dimanche dans le « tronc des pauvres », aujourd’hui c’est plus facile, l’assiette vide arrive dans nos boites aux lettres, sous forme de bulletins de versement d’œuvres d’entraide et d’ONG pour des projets concrets et bien contrôlés. Autant de moyens d’aider un développement qui permette de rester chez soi.

Élisons des personnes ouvertes aux autres, refusons un pays verrouillé dont des habitants devraient bientôt aller voir ailleurs si c’est mieux.

Non à une Suisse enfermée

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