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Loi Covid-19 : un oui nécessaire

Le référendum contre la loi Covid-19 est à la fois extraordinaire et aberrant. Extraordinaire, car il démontre que notre démocratie, nos institutions et nos droits démocratiques fonctionnent même en cas de pandémie – quoi qu’en disent les pleureurs criant à la dictature sanitaire. Aberrant, car le texte n’est même plus en vigueur : cette loi d’urgence n’a cessé d’être modifiée au cours de la pandémie pour s’adapter aux circonstances.

De quoi parle-t-on ? Dans la rue, les tenants du référendum entendent nous faire voter contre les mesures « liberticides », « excessives » et disproportionnées quand ils n’affirment pas que la pandémie n’est pas plus dangereuse qu’une grippe. C’est faux. Les mesures « liberticides » – qui visent à protéger la population contre un virus qui a tué et continue de tuer massivement – sont toutes inscrites dans la loi sur les épidémies, que le peuple suisse a approuvée en septembre 2013 par 60 % de oui. La base légale pour les quarantaines, fermetures et autres restrictions se trouve dans ce texte et dans la loi cantonale d’application. La loi Covid-19, elle, crée les bases légales qui manquaient pour les soutiens économiques votés au Parlement : RHT, aides d’urgence, aides à fonds perdus, soutien à la culture… Dit autrement, un NON à la loi Covid-19 ne mettrait pas fin aux restrictions sanitaires, mais uniquement aux aides économiques qui les accompagnent ! L’enjeu est de taille.

On rétorquera que le Parti socialiste répète sans arrêt que les aides sont insuffisantes. C’est vrai : les aides sont parfois indignes d’un pays aussi riche que la Suisse, le Parti socialiste s’époumone à le dire. Mais refuser la loi ne forcerait pas les chambres fédérales à augmenter les aides, au contraire ! Après un NON, ces aides cesseraient immédiatement. En effet, les courtes majorités obtenues pour les voter l’ont été après des débats sans fin et des compromis de tous les instants, dans l’urgence dictée par la situation sanitaire. Alors que l’épidémie semble faiblir enfin, il est certain que les quelques voix de droite qui ont permis de débloquer les aides manqueraient au rendez-vous. C’est aussi une question de temps. La loi Covid-19 est discutée à toutes les sessions depuis un an. Ce sont des milliers d’heures dans les commissions et en plénum. Si le peuple venait à refuser la loi, si par miracle une majorité se dessinait pour remettre l’ouvrage sur le métier (sous forme de loi ordinaire puisqu’il ne pourrait plus y avoir de loi urgente) et si le Conseil fédéral le proposait (cela fait beaucoup de « si »), il faudrait attendre la session d’hiver 2021 au plus tôt pour avoir une nouvelle loi. Et à partir de septembre, aucune aide économique ne serait allouée, les lois urgentes refusées ne pouvant plus déployer d’effet après un an. Seules resteraient les aides cantonales et communales, très insuffisantes.

Refuser la loi Covid-19, c’est plonger dans la misère des milliers de travailleurs, d’indépendants, d’actrices et acteurs culturels, c’est créer une crise dans la crise de façon totalement irresponsable. En combattant les mesures d’accompagnement économique, les référendaires n’obtiendront pas ce qu’ils désirent – la fin des restrictions – mais risquent de plonger dans la précarité un million de bénéficiaires des aides.

Ne nous trompons pas. Nous aurions aimé des aides plus intenses, plus généreuses, touchant plus de personnes : notre planète vit sa pire crise sanitaire depuis la grippe espagnole, la pingrerie fédérale est vraiment déplacée. Mais ces aides sont mieux que rien et la politique de la terre brûlée, inadmissible. Écrivons donc un grand OUI à la loi Covid-19 sur notre bulletin de vote !

Loi Covid-19 : un oui nécessaire

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