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L’engagement milicien, une tradition helvétique à réinventer !

Le système de milice sur lequel la Suisse s’est construite serait-il donc en voie de disparition ?

On ne cesse de l’entendre : l’esprit de milice sous-jacent à l’idée institutionnelle en Suisse s’étiole, la professionnalisation gagne partout du terrain, les gens ont de moins en moins de temps pour s’adonner à des activités bénévoles dans des associations, des clubs sportifs, des conseils de paroisse ou encore pour siéger dans les conseils généraux et communaux de nos villes et villages. 2019 a même été déclarée « année du travail de milice » par l’Association des communes suisses. Serait-ce le chant du cygne de ce qui constitue pourtant un des principaux piliers fédérateurs de notre pays ?

On ne peut nier en effet un côté poussiéreux et désuet à notre armée de milice, aux coûts exorbitants, qui ne serait même plus forcément apte à défendre notre territoire et nos intérêts en cas de conflit. On ne peut non plus passer à côté d’une technocratisation et d’une complexification croissantes des tâches publiques qui forcent le personnel politique à une maîtrise aiguisée des dossiers. Cette évolution réclame une surveillance bien plus sourcilleuse, des connaissances bien plus pointues qu’auparavant ; elle laisse, malgré toute leur bonne volonté, trop souvent les miliciens sur le carreau s’ils ne sont pas accompagnés de spécialistes.

Un changement dans les mentalités a aussi fait perdre de sa splendeur à l’engagement politique. Autrefois, par exemple, être engagé dans un exécutif inspirait le respect. Aujourd’hui, une certaine déconnexion entre le pouvoir politique et la population s’est installée et cela s’observe même à l’échelon des communes les plus petites. Le mécontentement grogne, sans entraîner pour autant une volonté correspondante de s’investir pour la chose publique. Ce manque de reconnaissance, couplé aux difficultés éprouvées à concilier vie professionnelle, vie familiale et vie politique, rend cet investissement citoyen peu reluisant.

Toutefois, l’esprit de milice demeure consubstantiel à notre identité nationale et au succès du système politique et économique en vigueur chez nous. Doit-on réellement reléguer ce pan de notre culture à la vitrine d’un musée ?

Et s’il ne s’agissait pas plutôt là d’une opportunité pour l’esprit milicien qui constitue notre ADN helvétique de se réinventer ? Redessinons la démocratie directe en donnant davantage voix au chapitre à la population, par exemple en mettant en place des assemblées citoyennes de quartier où tout un chacun aurait la possibilité de s’exprimer. 

Rêvons plus grand aussi, imaginons un pays où l’engagement citoyen au service de la collectivité ferait partie intégrante et nécessaire du parcours de vie de toutes et tous les habitant·e·s, qu’ils·elles soient Suisses ou Suissesses, étrangères ou étrangers. Un engagement politique certes, militaire pourquoi pas encore, mais surtout un engagement en faveur de la collectivité dans son ensemble.

Dans une société vue comme toujours plus individualiste, replaçons ainsi au centre les valeurs d’entraide et de solidarité !

L’engagement milicien,  une tradition helvétique à réinventer !

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