Si l’engagement pour l’égalité des genres s’apparente à de nombreuses luttes contre les discriminations faites à l’égard de minorités – et je suis la première à travailler sur la force de la convergence des luttes –, il sied de rappeler que l’égalité entre hommes et femmes n’est pas une question de défense des minorités. Hommes et femmes composent de façon paritaire la population du pays[1]. L’enjeu de l’égalité entre hommes et femmes réside bien dans le fait qu’une moitié de la population ne saurait être prétéritée par rapport à l’autre moitié, et cela alors même que l’égalité entre hommes et femmes est inscrite dans la Constitution.
À l’image des résultats des élections cantonales, avec une majorité de femmes élues au Grand Conseil et au Conseil d’État, l’égalité a progressé, c’est indéniable. Les collectivités publiques et de nombreux acteurs économiques s’engagent pour promouvoir l’accès des femmes aux postes à responsabilités et pour renforcer les mesures permettant de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. Des modèles de « job ou top sharing » se développent dans le public comme dans le privé. Considérée ainsi, d’aucuns pourraient penser que l’égalité est une affaire prête à être versée aux archives de l’histoire.
Il s’agit cependant de ne pas confondre les progrès réalisés avec l’atteinte de l’objectif. Des inégalités salariales subsistent, fragilisant la situation économique des femmes aujourd’hui et demain. Le chantier de la réduction des inégalités salariales de fonctions[2] en est encore à ses balbutiements. Certains secteurs professionnels, historiquement plus masculins ou féminins, résistent toujours à une plus grande mixité de représentation. Les hommes et les femmes ne sont pas égaux face à la conciliation des vies privée et professionnelle, en particulier pour ce qui est du partage de la charge mentale du travail familial et domestique. Sans oublier les mouvements masculinistes aux propos décomplexés et rétrogrades qui prennent de l’ampleur. Alors oui, l’égalité est et doit rester une priorité politique !
Le canton de Neuchâtel dispose depuis 1995 d’une loi cantonale dédiée à la politique familiale et l’égalité entre hommes et femmes. Révisée en 1998, cette loi n’a plus été modifiée depuis lors. Elle est composée de 6 articles et sa mission est principalement orientée autour de l’égalité au sein de l’administration cantonale. Afin de mieux répondre aux enjeux brièvement rappelés ici, nous venons d’entamer les travaux dédiés à une révision de cette loi. Ce projet traitera d’égalité, de politique des familles, d’articulation des vies privée et professionnelle et de lutte contre les discriminations, conformément aux thèmes retenus par la Stratégie Égalité 2030 de la Confédération. Un chantier désormais ouvert au niveau de mon département. Avec la volonté de le voir aboutir au plus tôt durant la prochaine législature.
[1] En 2020, 50,4 % de femmes et 49,6 % d’hommes composaient la population résidente en Suisse selon le portail démographique de la Suisse.
[2] Les inégalités de fonctions vont au-delà de la notion de « à travail égal, salaire égal ». Elles sont liées à la reconnaissance et à la valorisation de certaines compétences et responsabilités, telles que celles relevant des domaines techniques, historiquement plus masculines, qui sont aujourd’hui mieux reconnues et valorisées que les compétences dites psychosociales, du soin et de la relation à l’autre, historiquement plus féminines.