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L’égalité des salaires avant l’égalité de l’âge de la retraite

Désirer l’égalité entre tous les êtres humains et refuser d’augmenter l’âge de la retraite des femmes au niveau de celui des hommes peut sembler illogique. Alors pourquoi y-avait-il plus de 15 000 personnes rassemblées à Berne, le samedi 18 septembre passé, pour protester contre la proposition du Parlement d’augmenter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans ? La première raison qui me vient en tête est bien simple : l’égalité salariale entre femmes et hommes n’est toujours pas respectée en Suisse. On ne peut traiter de manière égale des situations inégales.

Il suffit de se référer aux chiffres de Salarium, le calculateur statistique de salaires de la Confédération, pour faire disparaitre tout contre-argument sur cette question ; pour leur premier emploi, et à travail égal, les femmes perçoivent toujours moins que les hommes. Même si l’écart est souvent de 500 francs, il peut aisément dépasser les 1000 francs. Cet écart salarial n’est dû ni à l’expérience, ni à une interruption de carrière, même si des facteurs comme ceux-là peuvent aggraver la différence plus tard. L’inégalité entre femmes et hommes face aux salaires est indéniable en Suisse.

Même en acceptant cet argument, certains peuvent toujours plaider pour l’augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes en clamant que l’égalité doit commencer partout. Selon ce raisonnement, il faudrait égaliser l’âge de la retraite et les salaires, et non pas attendre l’un pour accepter l’autre. Mais pour moi, et pour beaucoup d’autres je l’espère, il est inacceptable de commencer par discriminer plus profondément la partie déjà discriminée par le système actuel.

À mon avis, cette inégalité et cette discrimination  sont une justification amplement suffisante pour refuser l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes. Mais en lisant les slogans qui défilaient dans les rues de la capitale ce samedi-là, je me suis rendu compte que les raisons de manifester étaient nombreuses et variées pour chacun·e d’entre nous.

Beaucoup voulaient souligner le fait que les femmes gagnent peu d’argent, avec des slogans tels que « Précaires… en guerre ! », « Rentes de misère, femmes en colère » ou encore « Augmenter les rentes, pas l’âge de la retraite ». En effet, ajuster les salaires des femmes à ceux des hommes permettrait non seulement de supprimer une inégalité inacceptable, mais également de renflouer les caisses de l’AVS de plusieurs centaines de millions de francs par an. Derrière la bannière du Syndicat des services publics (SSP), brandie fièrement par une femme, une pancarte rose indiquait simplement « 10 milliards d’économies sur notre dos ? Non ».

Parmi les nombreux slogans, la proposition de baisser l’AVS à 64 ans pour les hommes était aussi inscrite. Cela montre une volonté de ne pas voir augmenter l’âge de la retraite de manière globale, tant pour les hommes que pour les femmes. À ce propos, l’initiative des Jeunes PLR visant à lier l’âge de la retraite à l’espérance de vie est déjà déposée et doit être combattue. La bannière violette du Syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs (SIT) résumait bien cette crainte, et surtout une forte opposition : « Travailler jusqu’au tombeau c’est non ».

Melissa Cravero

L’égalité des salaires avant l’égalité de l’âge de la retraite

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