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Le libre-échange avec l’Indonésie, un objet important pour les 99 % et l’environnement

Les accords de libre-échange se multiplient. La Suisse en a déjà signé 31 avec 41 partenaires étatiques. En contournant des blocages, ces accords font avancer la marchandisation globalisée des biens, des marchandises et du vivant. Les élites économiques, aux marges de manœuvre accrues, vantent un pays « économiquement attractif » aux yeux du reste du monde. L’argument de la concurrence est avancé lorsqu’une mesure est impopulaire. Avec l’Indonésie, il s’agit bien de permettre aux plus riches de polluer et d’accéder à de la main-d’œuvre extrêmement bon marché, avec très peu de restrictions. 

Certaines organisations, telles que Public Eye et la FRC, considèrent cet accord de 58 pages moins inacceptable que d’autres. Voici ce qui nous pousse à le refuser.

La déforestation 

L’impact écologique et humain, immense, représenterait une position politique de la Suisse. Il s’agit de profiter d’un pays du Sud global pour y produire à moindre coût économique des sources de richesses pour notre pays. L’huile de palme est produite au prix d’une déforestation à grande échelle. Cela menace la faune et la flore, la déforestation serait responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Malgré la baisse des quantités importées d’Indonésie et les exigences de durabilité fixées, l’huile de palme reste un exemple de commerce indésirable, porteur d’une déforestation néfaste.

Contre les 99 % 

L’accord se veut un « échange de bons procédés » : les entreprises pharmaceutiques suisses se développeraient là-bas, l’Indonésie exporterait plus d’huile de palme ici, à moindre coût. Or cette production se fait sur le dos des personnes vivant sur les terres réquisitionnées, qui sont soit chassées des lieux, soit recrutées pour travailler dans des conditions sociales désastreuses. Ce serait pour la Suisse une énième maximisation des profits dans un tiers pays et confirmerait l’Indonésie dans la longue liste des inégalités accrues entre le Nord et le Sud global. 

Parallèlement, l’avenir des paysan∙ne∙s suisses serait encore plus difficile et précaire. C’est pourquoi le syndicat paysan Uniterre s’est fortement prononcé contre l’accord. Quel poids garderaient nos huiles locales face à l’huile de palme importée ? 

 Propriété intellectuelle 

La Suisse imposerait à l’Indonésie la protection de la propriété intellectuelle, au profit des entreprises pharmaceutiques. Le résultat pour les Indonésien∙ne∙s ? Des médicaments plus chers, un accès aux semences limité, un système bancaire affaibli. 

 Des valeurs à réaffirmer

Après le refus par les cantons de l’initiative Pour des multinationales responsables, le peuple a l’occasion de réaffirmer son attachement aux valeurs éthiques. Nous ne voulons pas d’un accord qui aide à importer des produits indésirables et breveter le vivant. Nous avons une grande estime pour le peuple indonésien, pas pour son gouvernement. La chariaest en vigueur ; Aceh punit de jusqu’à 100 coups de bâton les relations extraconjugales et interdit les relations homosexuelles ; la peine de mort existe, la corruption et la violence sont omniprésentes. Pourquoi conclure en 2021 un accord commercial avec un partenaire qui ne respecte pas les droits humains ? Cela nie l’importance des bonnes pratiques commerciales, pourtant la seule voie à suivre. La Suisse se ridiculiserait, se montrerait une fois de plus, en l’absence de sanctions et de réglementations, au service des grandes puissances économiques. Un NON permettra de conserver un peu de crédibilité aux yeux du monde. 

Le libre-échange avec l’Indonésie, un objet important pour les 99 % et l’environnement

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