Identifiée comme dossier stratégique par le Conseil d’État, la Stratégie neuchâteloise Addictions (SNA)[1] a été discutée au Grand Conseil lors de la session du 3 septembre. Un débat qui s’est tenu dans une certaine discrétion. Et cela alors même que les addictions (alcool, tabac, drogues illégales et/ou jeux d’argent, notamment), caractérisées par des comportements compulsifs persistants, ont des conséquences graves pour les personnes concernées, que ce soit pour leur santé, leur vie familiale, professionnelle et/ou sociale. Sans oublier leurs effets économiques importants. S’il fallait retenir un seul chiffre, évoquons les coûts économiques (dépenses de santé, pertes directes de productivité ou encore poursuites pénales) estimés à quelque 7,86 milliards de francs en Suisse en 2017. Le canton de Neuchâtel n’est pas moins concerné que les autres régions du pays : la proportion de consommateurs·trices à risque en matière d’alcool est plus élevée ici qu’en moyenne suisse. Il en va de même pour le tabagisme ou encore la consommation de cannabis, pour ne citer que quelques exemples. En conséquence, les enjeux individuels et collectifs sont importants.
Si le canton de Neuchâtel s’engage activement dans ce domaine depuis de nombreuses années, c’est la première fois que l’État se dote d’une stratégie cantonale exposant à la fois la vision politique et les axes déterminant le cadre des interventions pour les dix ans à venir. Historiquement rattachée au département en charge des institutions sociales pour adultes[2], la politique publique en matière d’addictions est évidemment très transversale. Elle implique étroitement cinq services de l’État (au sein de trois départements), le pouvoir judiciaire et des institutions sociales et de santé partenaires. La SNA a été élaborée en étroite concertation avec ces différents acteurs, notamment par l’engagement des membres de la commission cantonale des addictions (CCA)[3] et l’organisation d’ateliers participatifs menés avec des professionnel·les de terrain.
Basée sur le modèle de la Stratégie nationale de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), la SNA se décline selon la structure des 4 piliers que sont la prévention, la thérapie, la réduction des risques et la régulation, ajoutant un axe plus transversal destiné en particulier à renforcer la coordination de la gouvernance entre les nombreux et différents acteurs.
En matière de prévention, la stratégie vise par exemple à renforcer le repérage précoce des jeunes en mettant un accent spécifique sur les substances largement consommées. Dans le domaine de la thérapie, il s’agit notamment d’améliorer la prise en charge des cas complexes ou encore de développer et consolider l’accompagnement ambulatoire. La réduction des risques envisage en particulier de poursuivre les réflexions sur les lieux de consommation sécurisés. Dans le domaine de la régulation, la connaissance du « marché » constitue l’un des défis identifiés.
Avec la SNA, le canton dispose aujourd’hui d’un cadre et d’une vision partagée permettant d’envisager à futur les actions et mesures concrètes à prendre ou à renforcer.
[1] Rapport 24.032 du Conseil d’État au Grand Conseil.
[2] Le département de l’emploi et de la cohésion sociale (DECS) depuis 2021.
[3] La commission cantonale des addictions (CCA) est une commission consultative du Conseil d’État, basée sur la loi sur l’inclusion et l’accompagnement des personnes vivant avec un handicap (LIncA). Elle est présidée par notre camarade Jacques-André Maire.