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Keep calm and carry on

C’est une lapalissade de rappeler que nous sommes en crise sanitaire grave. Les sept conseillers fédéraux sont au front, particulièrement Alain Berset, omniprésent ministre de la santé. Ils prennent les décisions, au-dessus de la mêlée. Ici et là, certaines critiques émergent mais sont presque inaudibles. Les sept conseillers fédéraux ont les pouvoirs absolus. Celui de restreindre, comme je ne l’ai jamais vécu, nos libertés personnelles. Celui de mettre à genoux de nombreux secteurs de l’économie. Celui d’injecter – avec quand même l’accord de commissions parlementaires – 42 milliards (plus de la moitié d’un budget annuel de la Confédération !) d’un coup de cuillère à pot. Et surtout, la responsabilité fondamentale de protéger la population. Les capitaines sont à la barre et cela ne souffre aucune critique. Aux grands maux les grands remèdes ! On ne peut que soutenir ce mécanisme. 

Pourtant, cela ne doit pas durer. Car si on peut se réjouir d’avoir des leaders en temps de crise, on ne doit jamais oublier que notre premier idéal, tous partis confondus, c’est la démocratie. Étrange sentiment d’être membre de l’Assemblée législative fédérale et de ne rien avoir à dire, n’avoir aucune information autre que celle distribuée au compte-goutte, conférence de presse après conférence de presse. Étrange sentiment d’impuissance. Pas d’initiative possible, pas de référendum, pas de motions ou autres interpellations. Vous êtes très nombreux à m’avoir contacté pour avoir des renseignements, des avis ou des informations. Je n’ai malheureusement pas pu répondre à la hauteur de vos préoccupations, car cela nous est simplement impossible, à nous autres parlementaires, relégués sur le banc de touche en cette période de crise. 

Alors oui, soyons honnête. Je ne critique pas ce qui a été fait et j’imagine deux minutes comment cela se serait passé si toutes ces décisions avaient dû être prises par le Conseil national et le Conseil des États, qui n’arrivent pour l’instant pas à se mettre d’accord sur, par exemple, une rente-pont pour les chômeurs âgés qui coûtera… entre 200 et 300 millions par année selon les versions. Le Conseil fédéral, en quelques semaines, situation extraordinaire oblige, a pu décider d’investir l’équivalent de 150 ans de rente-pont ! Cette efficacité est nécessaire dans la crise que nous vivons. Mais ne nous y habituons pas, car elle n’est ni normale, ni souhaitable à long terme. 

La Suisse, plus qu’aucun autre pays, est attachée à la démocratie. L’exécutif propose, le législatif débat et finit par légiférer, le peuple tranche. C’est long, souvent frustrant quand on est minoritaire comme nous, et ce n’est pas un modèle d’efficacité. Mais cela permet à chacun, directement ou indirectement, de choisir la destinée de ce pays. La décision de réunir les Chambres fédérales prise récemment me semble donc juste, pertinente et urgente. Passé le stade de la décision immédiate qui était nécessaire, nos institutions doivent à nouveau fonctionner le plus normalement possible. Elles doivent corriger les quelques errances que la nécessaire rapidité et efficacité a créées (surveillance des rassemblements par Swisscom sur des bases légales à tout le moins pas évidentes, certains indépendants sortis du champs d’application des APG, absence de solution sur le paiement des loyers, activités économiques maintenues malgré un évident non-respect des mesures de sécurité,…). Elles doivent parler, corriger, améliorer. 

La période que nous vivons, au-delà de son aspect dramatique pour beaucoup, au-delà des privations et des diminutions des libertés individuelles, a ceci d’intéressant qu’elle met à l’épreuve nos institutions. Celles-ci sont solides et répondront présentes à l’appel, avec calme, sérénité et détermination, j’en suis convaincu.

Keep calm and carry on

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