Parti Socialiste Neuchâtelois

Camarades,

Il y a quelques mois, vous avez fait confiance à la JSN en plébiscitant sa proposition d’un fonds climat cantonal afin d’amorcer le changement de paradigme nécessaire face à la crise climatique et à ses conséquences. Hélas, ces changements exigent un engagement et des efforts qui dépassent le cadre cantonal. D’où l’Initiative pour l’avenir lancée en août 2022 par la Jeunesse socialiste suisse.

Ce texte s’appuie sur un constat assez évident, presque une lapalissade pour qui croit à la convergence des luttes climatiques et sociales : la crise climatique a une seule origine, le capitalisme. L’appétit insatiable pour le profit et les destructions environnementales qui l’accompagnent ont conduit à la situation actuelle. Le capitalisme accroît les inégalités, enrichit les riches et paupérise une immense partie de la société.

Nous avons donc décidé d’agir en lançant un texte que nous considérons à même de nous donner les moyens de nos ambitions : réduire à la fois la fracture sociale et celle que nous creusons avec notre planète.

 Bien entendu, il faut chercher ces fonds au bon endroit. À nos yeux, ce n’est pas aux 99 % de supporter les coûts de cette lutte, mais au 1 % des plus privilégiés de payer pour la crise qu’il a provoquée. Pour rappel, un·e milliardaire émet en moyenne un million de fois plus de gaz à effet de serre qu’une personne sans moyens financiers disproportionnés^[1]. Par leurs investissements nocifs et leur mode de vie ultraconsumériste, ils et elles entretiennent ce système destructeur qui envoie l’humanité entière au-devant d’une catastrophe que nous savons irrémédiable une fois dépassées pour de bon les limites auxquelles nous alertent sans relâche les scientifiques.

L’initiative « pour une politique climatique sociale financée de manière juste fiscalement » veut chercher les fonds là où il est logique et juste de les trouver en abondance : chez le 1 % le plus riche.

En pratique, notre projet demande d’imposer à 50 % les héritages de plus de 50 millions de francs. Sur un héritage de 100 millions, les 50 premiers millions seraient taxés comme aujourd’hui ; sur les 50 autres, un taux de 50 % s’appliquerait, ce qui fait 25 millions. Nous estimons qu’avec cette nouvelle taxe, l’État pourrait engranger, à terme, 6 à 7 millions par année. Nous demandons que l’argent ainsi prélevé soit versé dans un fonds national de lutte contre le changement climatique qui s’appuie systématiquement sur des mesures socialement justes. L’effort sera notamment mis sur la reconversion professionnelle, l’amélioration des logements ou l’amélioration des services publics.

Soyons clairs : la nouvelle imposition ne toucherait qu’environ 1500 personnes en Suisse. Cependant, cela suffirait pour dégager des dizaines de millions à même de financer une politique climatique radicalement différente. Au surplus, cela permettrait d’atténuer un facteur essentiel de prolifération de l’inégalité : l’héritage perpétue un système néoféodal de distribution des richesses et le caractère systémique des inégalités. Les libéraux, en bons apôtres du self-made man, seraient bien avisés de suivre une initiative qui ne toucherait pas les femmes et les hommes assis sur leur fortune, mais leurs enfants, dont la seule vertu est de naître au bon endroit au bon moment.

Camarades, voilà l’initiative que nous vous invitons à signer et à faire signer, une des pierres angulaires sur lesquelles nous construirons une lutte juste et efficace.

^[1] Selon une étude d’OXFAM publiée en 2022.