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Grève générale de 1918, pourquoi?

Conférence de Sébastien Abbet le 4 mai à 19h30 à l'Ancienne Poste, au Locle

«Le Locle est désormais conquis au socialisme»: un mouvement ouvrier et socialiste en plein essor

Novembre 1918. Les derniers obus sont tirés au-dessus des tranchées du Nord de la France. Épuisées par quatre années de guerre, traversées par une vague révolutionnaire commencée à l’Est (révolution russe de 1917), les puissances centrales s’effondrent. En Suisse, au même moment, une semaine agitée débute. Elle culmine dans quatre journées de grève générale (le 9  novembre, puis du 12 au 14).

Dans les deux villes des Montagnes neuchâteloises, où les socialistes sont majoritaires, les ateliers et les usines sont à l’arrêt : le courant électrique est coupé. Les manifestations des grévistes sont impressionnantes, sans doute les plus importantes dans l’histoire des deux cités horlogères. La réaction de la droite et du patronat est à la hauteur de leur frayeur. Un vaste arsenal est déployé : contre-manifestations, mise en place de gardes civiques, grève législative, offensive idéologique anticommuniste.

C’est pourtant au cœur de l’arc horloger que se fondra, deux décennies plus tard, un alliage particulier, celui de la paix du travail (signée en 1937). Quel contraste! Comment le comprendre ?Faire l’histoire de la ville du Locle, c’est aborder à hauteur d’humain la société suisse. Au premier abord, émerge une liste confirmant les clichés helvétiques : on y trouve du chocolat, des montres, des banques, la neutralité… ; tout cela mêlé d’un discours sur la grande «famille horlogère » conçue comme faisant face ensemble à l’adversité, par-delà les conflits. Dès que l’on se donne la peine de gratter la surface des choses, on découvre une ville aux inégalités croissantes et où le patronat réalise des profits faramineux grâce à la production de munitions. 

Parcourir les années 1910 -1920, c’est aussi rencontrer un mouvement ouvrier et socialiste en plein essor. Des dizaines de personnes rejoignent le Parti socialiste, des milliers adhèrent aux syndicats (Le Locle sera l’une des villes les plus syndiquées de Suisse) ou aux coopératives tandis que de nombreuses sociétés culturelles naissent. Alors que l’on récolte des fonds pour édifier une Maison du peuple, des dirigeant·es socialistes de renom s’arrêtent dans la ville pour consolider ce mouvement. C’est aussi au cours de ces années que l’on débat du suffrage féminin et que l’on se divise sur le travail salarié des femmes. Lors du vote de juin 1919, c’est au Locle que l’écart sera le plus faible (30  voix !) lorsque les mâles refuseront aux femmes le suffrage.

Nous vivons, un siècle plus tard, dans un monde très différent. L’histoire ne donne aucune leçon, mais il est possible qu’à l’heure où guerres, désastres et épidémies se multiplient, retrouver un peu des espoirs et des combats du passé nous permettra de nourrir ceux d’aujourd’hui.

Sébastien Abbet donnera une conférence sur ce sujet au Locle, à l’Ancienne Poste, le 4 mai, à 19 h 30. Ancien postier et bientôt enseignant, historien et militant, il est l’auteur d’un mémoire de maîtrise en histoire contemporaine : La grève dans la ville. Une cité horlogère à travers guerre mondiale, conflits socio-politiques et restauration de l’ordre (Le Locle, 1912-1919).

Illustration : Grève générale, novembre 1918. Le Comité du Locle. De gauche à droite: Marc Inaebnit, Édouard Spillmann, Henri Perret. Carte éditée pour couvrir les frais du procès militaire. Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds. Fonds Cartes postales. CP 2042.

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