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Des produits de qualité ou des produits accessibles ?

Avant de répondre, mettons-nous d’accord (ou pas !) sur ce qu’est un « produit de qualité ». Pour rester dans les limites imparties, je vais centrer mes réflexions sur les produits alimentaires, en commençant par les légumes.

Selon moi, un produit est de qualité quand il est cultivé de manière respectueuse de l’environnement et des organismes qui y vivent : animaux (parmi lesquels j’inclus les humains) et végétaux. Respectueux des animaux signifie que le cultivateur ou la cultivatrice ne considère pas que faire pousser des légumes ou des fruits donne le droit de bousiller la faune qui aime aussi les légumes (ah les voraces limaces...) et qu’il ou elle se rémunère et rémunère ses employé·es de manière juste et équitable. Respectueux des végétaux signifie qu’il n’est pas nécessaire d’éradiquer toutes les « mauvaises herbes » et que les substances chimiques herbicides et pesticides, qui entrainent des dégâts collatéraux pour la faune locale, mais aussi (on en est de plus en plus sûr) pour la santé des humains qui vont consommer le produit, doivent être autant que possible laissées de côté. En bref, un produit de qualité, c’est un produit qui pousse dans un sol qu’on ménage et qu’on n’épuise pas ; où celles et ceux qui cultivent le sol s’intéressent à la faune qui l’habite et qui l’enrichit ; et last but non least, un produit dont le travail nécessaire à sa production et à sa commercialisation est payé correctement. Les aspects écologiques et sociaux doivent aller de pair.

Je ne suis pas une fanatique du bio, étiquette qui permet à la grande distribution d’augmenter ses marges en pigeonnant ses clients et qui conduit à des aberrations écologiques : les myrtilles bio en provenance du Mexique, par exemple. Un de mes premiers réflexes est de consommer le plus local possible (mais je mange des bananes, des avocats, des agrumes...) et pour ce faire, je vais au marché de La Chaux-de-Fonds une ou deux fois par semaine. Si je dois choisir, le critère des kilomètres est prépondérant (j’achèterai des haricots « normaux » du Seeland plutôt que des haricots « bio » d’Espagne).

Venons-en à l’idée de « produit accessible », du point de vue du prix. La question posée dans le titre semble inférer un rapport inversement proportionnel entre la qualité et le prix, or cette relation n’est pas toujours avérée. Au marché, sauf si on se fournit exclusivement en bio, les légumes et les fruits ne sont pas forcément plus chers que dans les grandes surfaces. La différence est plus marquée pour la viande, dont la consommation annuelle, en Suisse, baisse par ailleurs légèrement mais régulièrement depuis quelques années. Pour ce produit, la question me semble être celle de la qualité vs la quantité : si on veut manger de la viande tous les jours dans une famille de 5 personnes, le prix en boucherie devient prohibitif pour des salaires moyens. Mais si on le fait 2 à 3 fois par semaine, on peut donner sa préférence à une bonne côtelette ou un poulet du coin.

La question est de savoir quelle part du budget on consacre à l’alimentation plutôt qu’à d’autres postes (santé, vêtements, chaussures, vacances, téléphonie...). Cette part a beaucoup diminué depuis 50 ans et il est tentant de voir une relation entre le faible cout de la nourriture et la quantité énorme de denrées qui finissent à la poubelle.

Repenser la place de l’alimentation dans une société respectueuse du travail et de l’environnement est une manière d’échapper à l’alternative posée par le titre de cet article.

Des produits de qualité ou des produits accessibles ?

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