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Assez de paroles creuses : 350 millions pour notre sécurité !

Cette année, la Suisse est secouée par un nombre alarmant de féminicides. Des vies volées, des destins brisés. Des mères, des filles, des amies, des collègues, réduites au silence par la violence. Et un Conseil fédéral qui, trop souvent, reste muet face à ce fléau.

Depuis des années, les signaux d’alerte se multiplient, mais le Conseil fédéral ne réagit que timidement. Pourtant, la Suisse a ratifié la Convention d’Istanbul en 2018. Mais sa mise en œuvre reste partielle, mal financée, parfois remise en cause par la majorité bourgeoise du Parlement. Partout dans le pays, les structures de soutien sont saturées, les professionnel·les épuisé·es, mal formé·es ou démuni·es.

Face à cette inaction, une large alliance de plus de 100 organisations féministes, dont les Femmes socialistes suisses, a lancé une pétition pour exiger des moyens concrets. En quelques semaines seulement, plus de 21 000 personnes ont signé cette demande adressée au Conseil fédéral, déposée le 23 mars. Son message est clair : il est temps de traiter les violences sexistes, domestiques et sexuelles comme une priorité politique. Et de leur consacrer les moyens nécessaires. Concrètement : 350 millions de francs. Car la sécurité des femmes a un coût – mais l’inaction coûte bien plus.

Les féminicides sont l’ultime conséquence d’un cycle de violences. Mais avant, il y a souvent l’emprise psychologique, une violence invisible mais destructrice. Le contrôle coercitif, l’isolement, la surveillance, l’humiliation – autant de mécanismes insidieux qui rongent les victimes de l’intérieur. Ces violences laissent peu de traces visibles, mais elles détruisent : perte d’autonomie, isolement social, précarité, troubles psychiques.

La loi actuelle permet de réprimer certains actes isolés – menaces, harcèlement, contrainte – mais elle peine à saisir la dynamique globale de l’emprise. Cette violence se construit dans la durée, par un enchaînement toxique de comportements, difficile à prouver, mais aux conséquences profondes.

C’est pourquoi, lors de la session d’hiver 2024, j’ai déposé un postulat pour mieux prendre en compte les violences psychologiques au sein du couple. Accepté début mai, il charge le Conseil fédéral de dresser un état des lieux : comment les victimes d’emprise et de contrôle coercitif sont-elles aujourd’hui protégées ? Quelles mesures de prévention, de soutien, de formation existe-t-il ? Et surtout : que faut-il améliorer, concrètement, dans le respect de la Convention d’Istanbul ?

Tant que cette violence reste ignorée, les victimes restent seules : seules à nommer ce qu’elles vivent, à fuir, à survivre face aux procédures et à l’insécurité économique. Et trop souvent, même après la séparation, la violence continue.

Ce postulat est un premier pas pour rendre visible l’invisible. Pour reconnaître qu’avant chaque féminicide, il y a souvent eu des signaux ignorés. Pour dire enfin aux victimes : on vous croit. On vous écoute. Et on agit. Non pas par des discours, mais avec des moyens : 350 millions. Pour notre sécurité. Pour notre droit de vivre sans peur.

Assez de paroles creuses : 350 millions pour notre sécurité !

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