Parti Socialiste Neuchâtelois

1848, pour les Neuchâteloises et les Neuchâtelois, c’est l’année de la Révolution et de l’instauration de la République.

On oublie ainsi parfois à Neuchâtel que pour la Suisse, c’est aussi l’année de la première Constitution fédérale, qui met fin à la guerre du Sonderbund et jette les bases de l’État fédéral.

Dans les deux cas, les radicaux de l’époque jouent un rôle important et sont à ce titre souvent considérés comme les pères de la République et de la Confédération.

En quoi alors ce 175^e anniversaire qui sera rappelé durant toute l’année 2023 mérite-t-il d’être célébré par nous, socialistes ?

Il faut d’abord rappeler que les radicaux ont, comme tout le monde, aussi pris 175 ans depuis 1848. On relèvera donc avec un clin d’œil qu’il y a peut-être davantage de différences entre les tenants contemporains de l’économie de marché, de la responsabilité individuelle ou du libéralisme à tout crin et les révolutionnaires de 1848 qu’entre ces derniers et les thèses socialistes.

Reste que 1848 marque pour le pays la fin de la guerre civile et pose les fondations d’un État fédéral qui, tout en réaffirmant la souveraineté des cantons, mutualise certaines compétences, dans un but de prospérité et de paix. Pour le canton, la révolution a l’ambition d’instaurer, notamment par les institutions de l’État, la démocratie, l’égalité des droits et des chances ainsi que la protection des libertés individuelles pour toutes et tous.

Autant de valeurs qui font écho aujourd’hui encore aux idéaux européen, pacifiste, démocratique et en faveur d’une meilleure justice sociale que nous portons et qui nous rassemblent, bien au-delà d’ailleurs des frontières du canton et du pays.

Car ces conquêtes sociales et démocratiques qui nous ont fait progresser et que nous considérons parfois comme acquises ne sont jamais définitivement ou complètement réalisées. Aujourd’hui encore, nombreuses et nombreux sont de par le monde celles et ceux qui se battent, sacrifient leur liberté ou leur vie pour un idéal identique à celui de 1848. L’Europe elle-même, avec son idéal de démocratie et de paix, connaît aujourd’hui la guerre à ses frontières et lutte en son sein contre la résurgence de mouvements fascisants ; elle atteste de la nécessité de lutter toujours et encore. La pauvreté et la précarité, que l’on peine à vaincre même dans l’un des pays les plus riches du monde et qui progressent à chaque soubresaut économique, attestent que le combat reste permanent pour réaliser la promesse de la solidarité et protéger les minorités et les plus faibles contre les effets dévastateurs de la loi du plus fort.

Autant d’idéaux qui nous animent et nous rassemblent mais qu’on n’a donc jamais fini de défendre vu les faiblesses récurrentes de la nature humaine. Des combats qui ne sont jamais achevés, mais qui ne sont pas vains pour autant et qui, même après presque deux siècles, conservent leur caractère urgent. Une urgence de paix, une urgence de justice, une urgence d’égalité, une urgence sociale... ; des urgences humanistes qui ne doivent en aucun cas s’effacer devant l’urgence climatique, parce que le sort des générations futures, essentiel, ne saurait pour autant éclipser la dignité des générations actuelles.

Dès lors, célébrons cette année 2023, 175^e anniversaire de combats républicains, comme une occasion de réaffirmer ces nécessités et de faire progresser ces idéaux. Et tant mieux si, à nouveau, les radicaux pouvaient nous rejoindre dans ces luttes !