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Pour une assurance des soins dentaires cantonales !

Quand la LAMal a été introduite en Suisse, les soins dentaires n’ont pas été intégrés aux soins de base. L’épisode n’est pas glorieux : c’était la seule manière de faire passer un compromis ténu ; le précédent projet d’assurance-maladie obligatoire avait été refusé, entre autres, pour cette raison.

 Cette exclusion crée de graves problèmes, car la santé bucco-dentaire fait partie intégrante de la santé. De nombreuses études[1] prouvent l’importance de la santé bucco-dentaire pour la santé en général : avec une mastication douloureuse, l’accès à certains aliments nécessaires pour une alimentation saine est défaillant. La santé bucco-dentaire aurait, fait surprenant, des répercussions sur les maladies cardiovasculaires et, plus intuitif, sur la santé mentale.

Une mauvaise santé bucco-dentaire crée des préjugés qui peuvent être un handicap pour l’intégration sociale, les relations personnelles et professionnelles.

Bref, tous les spécialistes ayant un tant soit peu travaillé à la question sont unanimes : la santé bucco-dentaire fait partie intégrante de la santé, il n’y a aucune raison de santé publique de la sortir du champ de l’assurance-maladie, seules de (mauvaises) raisons financières et politiques motivent cette exception.

 Les principales victimes du système actuel sont les personnes au revenu le plus faible : les populations fragilisées financièrement sont surreprésentées dans les statistiques de problèmes dentaires. En Suisse, en 2015, environ 1 % de la population a renoncé à des soins médicaux de base mais près de 5 % aux soins dentaires. Les résultats d’une étude menée à Genève en 2008-2009 sur la répartition de la renonciation aux soins sont édifiants : presque 30 % de la population aux revenus les plus faibles se prive de soins ; cela concerne très largement le domaine dentaire[2].

C’est scandaleux. Dans un des pays les plus riches du monde, la population la moins favorisée doit renoncer à des soins pourtant essentiels. Le pire, c’est que financièrement, il n’est pas sûr que ce soit un bon calcul : quand la maladie bucco-dentaire devient trop grave, l’assurance-maladie paie (ou les services sociaux, pour les personnes qui en dépendent). Dans presque tous les cas, si l’on était intervenu en amont, que la personne avait pu se faire soigner dès l’apparition des symptômes, cela aurait coûté moins cher – tant au plan humain que financier.

La Suisse est loin d’être un modèle : les coûts des soins dentaires sont payés à 72 % par une assurance aux Pays-Bas ; ils ne sont couverts qu’à 10 % en Suisse, où les ménages paient 90 %.

L’initiative permet de pallier cette situation inacceptable. En prévoyant une assurance obligatoire qui payerait les mesures de prophylaxie (la prévention) et les soins de base, elle est très raisonnable. L’assurance se limiterait au nécessaire et ne couvrirait évidemment pas les aspects esthétiques. Son financement, basé sur le modèle de l’AVS et sur des subventions des pouvoirs publics, aurait l’immense avantage d’être paritaire et d’offrir une flexibilité au système.

 La santé bucco-dentaire n’est pas un luxe et ne relève pas de la seule responsabilité individuelle. Les études[3] à ce sujet déjouent la morale libérale voulant faire croire que si l’on se brosse bien les dents, on n’a pas de problème. C’est faux.

Nous pouvons être des pionniers en Suisse et ce dans l’intérêt des Neuchâteloises et des Neuchâtelois. Saisissons l’occasion, votons un grand OUI le 25 septembre.

[1] Études citées dans le rapport du 15 juillet 2017 du Service cantonal de la santé publique sur l’initiative, www.ne.ch/autorites/CE/consultations/Documents/ConsultationsCantonales/Annexes.pdf.

[2] Wolff H., Gaspoz J.-M., Guessous I. Health care renunciation for economic reasons in Switzerland. Swiss Medical Weekly 2011;141:w13165. http://www.smw.ch/content/smw-2011-13165/.

[3] En Suède, il a été démontré que la mauvaise santé bucco-dentaire dépend à 60 % du mauvais accès aux soins et seulement à 29 % du comportement individuel (Wamala S., Merlo J., Boström G. Inequity in access to dental care services explains current socioeconomic disparities in oral health: The Swedish National Surveys of Public Health 2004-2005. J Epidemiol Community Health 2006 Dec;60(12):1027-1033). 

Pour une assurance des soins dentaires cantonales !

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