L’adjectif « solidaire » surgit souvent en premier pour qualifier une personne membre du Parti socialiste. C’est aussi le cas en pensant à Claire Wermeille, qui s’en est allée en juillet. Tout au long de sa vie, elle s’est investie sans relâche afin de bâtir, ici et au loin, une société fondée sur des valeurs de solidarité. À cet effet, elle a été à l’origine de multiples impulsions et a accompagné de nombreuses autres actions de ses compétences, de son temps et de sa générosité.
Formée à l’École d’art de La Chaux-de-Fonds, elle y apprend le dessin. Dans la foulée, elle découvre avec émerveillement la peinture ainsi que l’art de partout et de tous les temps. Elle perçoit ce qu’elle dira être « un monde de liberté et d’expression, un précieux lien d’humanité ». Elle a dessiné, esquissé, suggéré tout ce qu’elle aimait regarder : les arbres, les feuillages, les roches, les bois et surtout les paysages.
Elle fréquente les cours de l’École nationale d’arts décoratifs d’Aubusson, puis se perfectionne auprès des écoles de tissage traditionnel de Zakopane et Varsovie. Elle devient lissière.
Elle conçoit alors ses propres cartons, qu’elle glisse sous la trame et auxquels elle donne couleurs et relief en tissant. Comment ne pas percevoir là une image de sa personne ? Pour ses autres activités aussi, Claire pensait d’abord, esquissait un objectif puis le réalisait. La recherche d’harmonie concernait autant son travail artistique qu’un fonctionnement idéal de la société pour lequel elle s’engageait en parallèle. Pendant plus d’une décennie, elle a partagé ses compétences en animant un atelier de tissage auprès de la Fondation des Perce-Neige.
Monter les lisses d’un métier à tisser, glisser les navettes, appuyer sur les marches, cela nécessite créativité, patience et parfois beaucoup de persévérance. Cette persévérance – elle en avait bien besoin car souvent désabusée face à la marche du monde –, Claire l’a exercée dans toutes ses actions : au Conseil communal de Cernier, au sein de la coopérative de Val-de-Ruz Info qu’elle a cocréée et présidée, au sein d’Espace Val-de-Ruz qu’elle a également piloté. Pour ne citer que quelques exemples…
Elle vivait par et pour la culture, à laquelle elle reconnaissait un rôle essentiel au sein de la cité. Avec André, son mari, elle courait et soutenait les événements culturels.
Ses tapisseries, dessins et peintures ont été exposés et le sont encore dans certains lieux publics. Son œuvre « politique, humanitaire, culturelle » reste, elle, dans nos cœurs et dans nos pensées.
En prenant congé, Claire affirmait :
« Un beau jour, j’ai surgi dans ce monde avec une grande corbeille à remplir. Aujourd’hui elle déborde et je repars avec elle je ne sais où dans le monde autrement. »
Elle omet de dire qu’elle a aussi garni tant d’autres bannettes, personnelles et collectives, d’une nourriture faite de culture, de réflexions, de services et soutiens concrets. Merci, Claire !