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La justice sociale

Pour nous socialistes, la justice sociale devrait être au cœur de notre positionnement
politique. En effet, la question des solutions proposées pour gérer la tension existant, dans toute société, entre la lutte contre les inégalités et le respect de la liberté et des droits individuels, est un enjeu politique majeur. Elle se trouve au fondement de l’État providence et reste incontournable pour penser la cohésion sociale de nos démocraties libérales.

Pour essayer de mieux comprendre ce que signifie la justice sociale, trois dimensions sont à mon sens fondamentales. 

La lutte contre les inégalités
et la prise en compte du sentiment de justice

La philosophie politique, qui devrait orienter nos prises de position, a toujours recherché un double équilibre entre l’allocation optimale des ressources au niveau sociétal et la prise en compte des individus dans leur liberté et leur sentiment de justice. Dans la vision contemporaine de la justice sociale développée par John Rawls, la régulation par le marché ne suffit pas à la prise en compte des besoins. D’où la valorisation du principe qui vise à maximiser, dans toute politique, la position socio-économique des moins favorisés, le défi étant non pas un partage égal entre tous les sociétaires mais la diminution de l’écart entre les plus riches et les plus démunis. Aujourd’hui, la remise en cause de l’État providence tend à augmenter les inégalités ; parallèlement, un sentiment croissant d’injustice se développe au niveau des vécus individuels – même les petites différences devenant insupportables –, avec le risque d’un glissement vers le populisme. 

Le paradoxe du sacrifice

Du point de vue de la justice sociale, la position utilitariste, qui veut que le bien-être du plus grand nombre puisse justifier le sacrifice d’une minorité, n’est pas toujours acceptable. Dans la plupart des décisions soumises au vote, il est donc essentiel de repérer qui sont les « sacrifiés ». Une bonne illustration est fournie par la réforme de l’AVS : alors que les femmes sont déjà touchées par des rentes insuffisantes, on leur demande le sacrifice d’un relèvement de l’âge de la retraite pour assurer l’avenir des rentes pour tous. Se poser la question du sacrifice est primordial ; même les libéraux devraient y être particulièrement sensibles puisque pour eux la liberté ne peut jamais être violée, même au nom d’avantages pour le plus grand nombre !

L’enjeu de la nécessaire solidarité

Dans nos sociétés plurielles, le « libéralisme individualiste » laisse sans réponse les questions du sens du vivre ensemble et de la possible dislocation de l’espace public. Ne serait-ce pas alors à la justice sociale de favoriser le maintien de la cohésion sociale ? Encore faut-il que tous en soient convaincus. C’est la notion de solidarité, forgée au 19e siècle, qui nous y engage. Pour la doctrine solidariste, les maux sociaux, à l’exemple des maladies contagieuses, peuvent représenter un risque pour tous les individus. Plus nous gagnons en individualité, plus notre interdépendance devient importante. La quête du bien individuel oblige à vouloir celui des autres. Les citoyens doivent ainsi se considérer non pas comme des individus isolés ou des concurrents en lutte, mais comme des associés responsables collectivement du bien commun. Pour éviter le morcellement de la société et redonner de la légitimité à l’État providence, cette notion de solidarité est indispensable. 

Inscrire la justice sociale au cœur de notre action demande ainsi de valoriser toute mesure ayant pour fin le renforcement de la solidarité entre les individus, la diminution des inégalités inacceptables et le refus du sacrifice injuste des plus démunis. 

La justice sociale

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