Parti Socialiste Neuchâtelois

Synthèse de l’hommage rendu à Pierre Dubois lors de ses obsèques, le 13 juin*

« Quoi de neuf ? » !

Beaucoup d’entre nous entendons encore cette interpellation sortir de la bouche de Pierre Dubois, façon chaleureuse d’aborder ses interlocuteurs et d’établir d’emblée un rapport amical.

Quoi de neuf ? …si ce n’est qu’en juin, Neuchâtel a perdu l’un de ses personnages publics les plus marquants de ce dernier demi-siècle, l’un des plus populaires, les plus accessibles et les plus attachants aussi.

Durant son mandat de 17 ans, Pierre Dubois a mené de multiples réformes, avec originalité et audace, avec conviction aussi, dans un climat de dialogue et de concertation avec ses partenaires, qu’ils soient opposants ou favorables à ses projets.

Je pense comme beaucoup à la mise en place et au développement de la promotion économique. Après les crises horlogère et pétrolière, il fallait redonner espérance et perspectives aux Neuchâtelois·es ; et pour cela susciter de la part des entreprises l’investissement, l’innovation et la création d’emplois. De nouvelles activités ont vu le jour et les méthodes de production ont été modernisées dans bien des PME. Le modèle a depuis lors inspiré d’autres cantons.

Je pense aussi à la politique de l’emploi, à la réforme de la médecine du travail, à la création du service de l’emploi et des ORP, au développement des mesures de crise ; il s’agissait d’entretenir l’espoir et l’activité des chômeurs et d’offrir une rampe de lancement aux jeunes diplômés. Je ne peux oublier non plus le soutien et le dialogue nourri avec les associations de défense des chômeurs ; ou avec l’association Job Service, démarche symbolique de la confiance que Pierre Dubois a toujours placée dans la jeunesse.

Citons encore la création de la fonction de délégué aux étrangers, autre domaine où les initiatives originales de notre canton ont fait école ailleurs en Suisse.

En transformant l’école cantonale d’agriculture, Pierre Dubois donné naissance à Evologia, pour y valoriser les métiers de la terre et constituer un lieu phare au Val-de-Ruz, dédié à la formation, à la réinsertion et à la création culturelle.

Il a encore réformé de façon courageuse l’organisation du tourisme, préparant le canton au défi de l’exposition nationale et donnant naissance à une nouvelle dynamique pour ce que l’on peinait alors à considérer comme un secteur de l’économie neuchâteloise.

Je pourrais évoquer encore la constitution de l’office AI, l’équipement des maisons d’enfants, la modernisation du registre foncier et des mensurations cadastrales ou la privatisation des activités industrielles de l’Observatoire cantonal ; sans compter la gestion de crises significatives comme la faillite Dubied ou la fin des activités de La Neuchâteloise Assurances, qui ont marqué notre canton.

Au-delà de ses initiatives réformatrices, ce sont les qualités humaines de Pierre Dubois qu’il faut rappeler : un esprit joyeux, libre et indépendant. Mais aussi un interlocuteur crédible, respectueux et respecté, écouté et apprécié dans tous les domaines dans et pour lesquels il a été actif.

Homme attachant, attaché à la vie et aux Hommes, à son canton, observateur espiègle de nos petits travers et des siens, critique avisé et décalé de nos prétentions, souvent caustique mais jamais cynique et dont la critique n’enlevait rien à la bienveillance à l’égard de ceux qu’elle visait, Pierre Dubois était un peu le Jacques Tati ou le M. Hulot du canton de Neuchâtel.

Alors, pour conclure, je ne résiste pas à évoquer Georges Brassens, auquel il se référait si souvent :

« Et si je ne suis pas normal, c’est que je n’en ai pas envie, car les normaux sont trop nombreux, laissons-les se comprendre entre eux. »

Merci Pierre ! Et bon voyage !

*Le texte intégral est disponible ici : bit.ly/Hommage_P-Dubois.