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HEM

Deux articles autour de l'HEM

Un choix difficile, mais responsable !

Le Conseil d’État a annoncé en décembre 2017 la dénonciation de la convention qui lie notre canton à celui de Genève et à la Haute école de musique GE. Ce choix intervient alors que notre canton est confronté à une situation financière très difficile. 

En effet, nous devons atteindre l’équilibre financier en 2020 ainsi que nous l’impose la loi sur les finances votée par le Grand Conseil. Des choix difficiles s’imposent dès lors à notre autorité ! Fort de ce constat, le Conseil d’État a établi une liste de 41 mesures d’économie qu’il a inscrite dans son programme de législature. 

Depuis 2010, seul·e·s 13 Neuchâtelois·e·s ont réalisé leur cursus de formation professionnelle musicale HES sur le site neuchâtelois de la HEM alors que plus de
120 étudiants neuchâtelois ont suivi une formation professionnelle musicale dans d’autres hautes écoles spécialisées de Suisse. Ce constat démontre avec pertinence que la formation musicale à ce niveau implique une mobilité estudiantine accrue et que les jeunes ont soif d’aller faire leurs gammes hors du canton pour élargir leur réseau. Ils ont également intérêt à étoffer leur carnet d’adresses pour se faire connaître. Ce sont là deux prérequis indispensables pour réussir sa carrière professionnelle, dans le domaine de la musique plus que dans d’autres domaines ! Rappelons tout de même que durant ces neuf années, le canton de Neuchâtel a subventionné la HEM-NE à hauteur de près de 20 millions de francs. Certes, la culture n’a pas de prix, diront certains, tandis que d’autres affirment que le canton ne peut plus offrir toutes les formations sur place.

L’initiative populaire « Pour le maintien d’une formation musicale professionnelle dans le canton de Neuchâtel » entend pérenniser la situation actuelle, à savoir maintenir une formation qui ne profite que peu aux jeunes talents neuchâtelois et qui, si elle demeurait, rendrait indispensables des économies supplémentaires de 2,5 millions par année dans les autres hautes écoles subventionnées par le Canton de Neuchâtel (UniNE, HE-Arc, HEP-BEJUNE), voire dans d’autres domaines de formation. 

Contre-projet du Conseil d’État 

Le Conseil d’État propose un contre-projet raisonnable à l’initiative, intitulé « Promotion de la formation préprofessionnelle en musique au Conservatoire de musique neuchâtelois et soutien aux ensembles musicaux du canton ». Via ce projet à la fois supportable financièrement et utile tant aux jeunes qu’aux ensembles musicaux de notre canton, le Conseil d’État propose
de renforcer la formation et la culture musicales pour un montant annuel de 500 000 francs, sur deux axes : 

1. Le premier concerne la formation préprofessionnelle dispensée par le Conservatoire (CMNE) : les frais d’écolage à la charge des familles – 12 000 francs par élève pour le cursus entier – seront diminués de moitié et le nombre de places disponibles sera augmenté. 

2. Le second consiste à soutenir financièrement les ensembles musicaux neuchâtelois pour leur permettre de s’attacher les services d’un renfort professionnel lors d’évènements majeurs. Il sera également demandé au CMNE d’étoffer son offre de formation en faveur des directeurs d’ensembles. 

Par cette proposition, le Conseil d’État renforce les missions du Conservatoire, un établissement qui joue un rôle essentiel dans la vie culturelle neuchâteloise et dont l’existence n’est aucunement menacée par la fermeture du site neuchâtelois de la HEM-GE. Par conséquent, le contre-projet profitera principalement aux jeunes talents du canton. Le texte favorisera également l’émulation culturelle entre les acteurs de la musique, amateurs, préprofessionnels et professionnels. 

Pour toutes ces raisons, le Conseil d’État propose au Grand Conseil de rejeter l’initiative populaire et d’accepter son contre-projet qui favorise les talents et les ensembles musicaux neuchâtelois. Cela permettra aux citoyennes et aux citoyens de s’exprimer dans les urnes afin d’opérer un choix responsable et utile à la jeunesse de notre canton !

Monika Maire-Hefti

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Pour une politique de formation
musicale cohérente

Dans son plan financier de législature, le Conseil d’État exprime sa volonté d’obtenir quelques recettes nouvelles mais liste surtout des réductions de subventions. La HEM est la seule institution dont la fermeture est décidée afin d’obtenir un « gain » maximum. 

Inéquitable. C’est oublier un peu vite que dans le secteur de la formation musicale, le récent transfert des classes professionnelles du Conservatoire à l’antenne neuchâteloise de la HEM-GE permet déjà une économie annuelle de l’ordre de 3 millions de francs pour le Canton.

Les associations de professeurs et d’élèves de la HEM, bonnes connaisseuses du terrain, ont également procédé à une analyse financière et dégagé des pistes de réduction des coûts. De manière constructive, elles ont proposé au Canton d’en discuter au sein d’un groupe de travail dans la perspective de participer à l’effort commun mais en évitant la fermeture de l’école. Le Conseil d’État a refusé cette demande et s’obstine à défendre un montant d’économie irréaliste, sachant qu’il ne pourra pas compenser la location versée par la HEM (523 178 francs par année) pour des locaux partagés avec le Conservatoire et que des charges actuellement mutualisées seront reportées sur ce dernier, telles que l’entretien des instruments et autres services communs. Le gouvernement relève aussi qu’à l’issue du processus de fermeture de la HEM, il devrait s’acquitter d’indemnités de suppression de poste et de sortie de la caisse de pensions pour environ 5 millions de francs, ce qui équivaut à une dépense annuelle de 500 000 francs pendant dix ans.

À l’issue du processus parlementaire, une initiative a été lancée pour le maintien d’une formation musicale professionnelle dans le canton. Peu respectueux de la volonté exprimée afin que le Grand Conseil, voire le peuple, soient consultés, le Conseil d’État a fait le forcing pour dénoncer au plus vite la convention qui le lie à Genève. Il estime maintenant que c’est une mauvaise convention alors que c’est la même qu’ont signée Fribourg et Valais avec Vaud pour leur antenne respective de la HEM-VD. Heureusement, le Parlement a voté un moratoire en attendant l’issue du processus lié à l’initiative.

Et voilà le rapport du Conseil d’État intitulé « Contre-projet à l’initiative HEM » : choquant, sournois et pas crédible ! Entendons-nous bien, les intentions de renforcer la formation préprofessionnelle et de soutenir financièrement les ensembles musicaux qui ont besoin de renforts doivent être appuyées. Ce qui ne va pas du tout, c’est de faire de ces intentions un contre-projet direct afin de diviser l’électorat globalement favorable à la formation musicale dans toutes ses étapes. En d’autres termes, le Conseil d’État est compétent pour concrétiser les intentions qu’il formule mais celles-ci ne sont pas une autre forme d’organisation de la formation professionnelle. À l’évidence, il n’y a pas unité de matière.

Et ce qui se profile pour le Conservatoire, c’est la labellisation des classes préprofessionnelles. Ces classes seront reconnues et subventionnées fortement par la Confédération (Constitution, art. 67). Le message 2021-2024 OFC sur l’encouragement des jeunes talents va paraître prochainement et donnera les critères d’obtention du label. Un site HEM par conservatoire devra être garant de l’ensemble du système. Urgence donc, celle d’une vue d’ensemble qui concerne HEM, Conservatoire et Collège musical.

En janvier 2008, le Grand Conseil a décidé, à une majorité de trois quarts des votes exprimés, la poursuite des négociations en vue d’assurer à Neuchâtel une filiale de HEM. Les débats ont montré très clairement que le Parlement estimait que la « filiation » pourrait être un très bon choix permettant de maintenir sur sol neuchâtelois et dans la région une compétence de formation musicale professionnelle, avec l’enrichissement culturel qu’elle induit. Le Canton veut rayonner via ses institutions ; la HEM apporte sa part, comme en témoignent les rapports annuels laudatifs du DECS puis du DEF.

Armand Blaser

HEM

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